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Dernière mise à jour : 28 oct. 2023

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dont elle apporte les réponses)


 

Vrai ou faux ? Pour en finir avec les préjugés sur le latin et sur les Romains !


© Nadia Pla

Page créée au début des années 2000

Dernière mise à jour : 29 juillet 2020

RÉPONSES


La langue

1. Le latin est la langue parlée par les Romains dans l'Antiquité.

VRAI (« dans l'Antiquité » = environ de 750 av. JC à 500 ap. JC ; « les Romains » = les habitants de la ville de Rome, puis de la péninsule italienne ; le latin a ensuite été utilisé comme langue administrative dans les pays entourant le bassin méditerranéen.) Cela dit, on se doute que ce n'est pas une langue unique qui a été parlée pendant plus de mille ans, ni dans toutes les provinces de l'Empire romain, ni dans toutes les couches de la société. La langue latine qui est enseignée aujourd'hui aux élèves est surtout la langue écrite de la société cultivée de Rome à la fin du Ier s. av. JC (et même, pour les puristes : la langue des discours de Cicéron!)

2. Le latin est la langue parlée par les Grecs dans l'Antiquité.

FAUX. La Grèce a été conquise par les Romains au IIe s. av. JC, mais les Grecs, très fiers de leur culture ancestrale, ont continué à parler grec.

3. Dans l'Antiquité, on parlait latin dans les pays du Maghreb.

VRAI à partir de la colonisation des Romains aux IIe et Ier s. av. JC.

De grands écrivains latins viennent de cette région, comme Apulée (IIe s. ap. JC) et saint Augustin (IVe s. ap. JC), nés en Algérie actuelle, ou Térence (IIe s. av. JC), né en Tunisie actuelle.

4. Dans l'Antiquité, on parlait arabe dans les pays du Maghreb.

FAUX. Dans l'Antiquité, on ne parlait arabe qu'en Arabie (région correspondant à peu près à l'Arabie Saoudite actuelle, à la Jordanie et au sud de la Syrie). La langue arabe n'est arrivée dans les pays du Maghreb qu'avec la conquête musulmane, au VIIe s. ap. JC.

Les langues parlées avant l'arrivée des Romains appartenaient à un ensemble linguistique appelé le « tamazight » (équivalent du « berbère » selon l'appellation commune en français).

5. Le latin est une langue morte, parce que plus personne ne connaît cette langue aujourd'hui.

FAUX. On connaît encore cette langue aujourd'hui.

D'ailleurs, elle n'a jamais disparu, contrairement à d'autres comme la langue de l’Égypte antique, par exemple.

Elle a été continuellement employée (à l'écrit et même assez longtemps à l'oral) dans les milieux érudits européens jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.

6. Le latin est une langue morte, parce que plus personne ne parle couramment cette langue aujourd'hui.

FAUX. Même si les personnes qui parlent couramment latin aujourd'hui sont rares, il y en a.

7. Le latin est une langue morte, parce que ce n'est plus la langue maternelle de personne aujourd'hui.

Il est VRAI que ce n'est plus la langue maternelle de personne aujourd'hui.

Mais ce critère suffit-il à la définir comme « langue morte », puisque par ailleurs c'est une langue toujours connue et toujours parlée couramment ?

8. Le latin est une langue internationale (comme l'anglais).

VRAI. Même si de nos jours, cela reste anecdotique. Mais du Moyen Age au XVIIIe s. (soit pendant environ 1300 ans), le latin a été utilisé comme langue internationale dans toutes les rencontres politiques ou scientifiques en Europe, comme l'anglais aujourd'hui.

9. Le latin est la langue officielle du Vatican.

FAUX et VRAI. La langue officielle de l’État du Vatican est l'italien. Le latin est la langue officielle de l’Église catholique . . . dont le siège est au Vatican.

NB : De nombreux sites internet donnent le latin, l'italien et le français comme les trois langues officielles du Vatican, mais ils ne sont pas de source sûre ; sur le site internet officiel du Vatican, la plupart des textes (discours, encycliques, homélies, etc.) des papes de ces dernières années sont disponibles en anglais, allemand, espagnol, français, italien, portugais, polonais, arabe, mais pas tous en latin ! Cela dit, leur titre est souvent en latin). Le Vatican a un compte Twitter dans plusieurs langues, dont le latin : https://twitter.com/pontifex_ln

10. En France, les chrétiens célèbrent la messe en latin.

FAUX. Mais chez les catholiques, cela a été vrai jusqu'en 1967 et c'est encore le cas dans certaines églises.

11. Les noms scientifiques des animaux et des végétaux sont latins.

VRAI. Et en cela, le latin reste une langue internationale (cf. question 8). Même aujourd'hui, quand on découvre une nouvelle espèce et qu'on doit la nommer, on doit lui donner un nom latin ou de forme latinisée.

12. Tous les noms de personnes latins se terminent en « -us » pour les hommes et en « -a » pour les femmes.

FAUX. Pas tous (ex. pour les hommes : « Felix » ; ex. pour les femmes : « Major » (surnom d'une aînée, deux sœurs ayant généralement le même prénom !)).

Mais c'est quand même vrai pour la majorité.

13. Le verbe "mitto" signifie "mentir" et on le retrouve dans les expressions familières "T'es un vrai mitto!" ou "Arrête de mitto!"

FAUX. Le verbe "mitto, -is, -ere, misi, missum" signifie "envoyer". Les mots qu'il a donnés en français viennent, comme toujours avec les verbes latins, de la racine du supin "miss-" (et non "mitt-") : "missive", "mission", "message", "messe", "émission", "émissaire", etc.

Dans les expressions familières "T'es un vrai mytho!" ou "Arrête de mytho!" , "mytho" est l'abréviation de "mythomane", mot qui signifie "qui a la manie d'inventer des histoires" et dont l'origine est le mot grec "mythos" qui signifie selon les cas "histoire", "conte", "légende" ou "mensonge" (et qui a aussi donné les mots français "mythe" et "mythologie").

La littérature

14. Nous connaissons les œuvres des écrivains romains parce que nous les avons retrouvées gravées sur de la pierre.

FAUX. Nous avons retrouvé des inscriptions romaines gravées sur pierre, mais ce ne sont pas des œuvres littéraires : ce sont des affichages publics, des lois ou, comme chez nous, des bornes sur les routes ou des pierres tombales.

Il y a aussi des inscriptions non officielles, des graffitis : publicités, poèmes, obscénités, etc.

En tout cas, il ne peut s'agir que de textes courts : cela ne peut donc pas concerner toute la littérature romaine.

15. Nous connaissons les œuvres des écrivains romains parce que nous les avons retrouvées écrites à l'encre sur du papier.

FAUX. Doublement faux ! D'abord parce que c'est impossible matériellement (le papier est périssable et ne peut se conserver pendant plus de vingt siècles, sauf dans certaines conditions). Ensuite, parce que les Romains ne connaissaient pas le papier (inventé par les Chinois, il n'a été découvert en Europe que vers la fin du Moyen Age).

16. Nous connaissons les œuvres des écrivains romains parce que nous les avons retrouvées écrites à l'encre sur du papyrus.

FAUX. C'est impossible matériellement (le papyrus est périssable et ne peut se conserver pendant plus de vingt siècles, sauf dans certaines conditions : ainsi on a retrouvé des manuscrits à Herculanum, ville italienne ensevelie au Ier s. ap. JC sous la lave du volcan Vésuve, ou au Proche-Orient (près de la mer Morte, en Israël, ou en Égypte) conservés dans des conditions de sécheresse particulières ; mais ces cas sont exceptionnels).


QUESTIONS 14, 15 et 16 : Nous connaissons les œuvres des écrivains romains parce que des générations de scribes, de secrétaires, de moines copistes, les ont copiées, recopiées, re-recopiées au cours des siècles.

Les plus anciennes copies de textes de l'Antiquité remontent rarement au-delà du XIe siècle.

17. Dans l'Antiquité romaine, on n'a presque pas écrit de pièces de théâtre.

FAUX. Deux auteurs sont surtout connus : Plaute (IIIe s. av. JC) et Térence (IIe s. av. JC) ; mais il en existait beaucoup d'autres.

18. Dans l'Antiquité romaine, on n'a presque pas écrit de romans.

VRAI. Et pourtant aujourd'hui, c'est le genre le plus courant en littérature !

Il n'y a que deux romans célèbres dans la littérature romaine : le Satiricon de Pétrone (Ier s. ap. JC) et L'Ane d'or d'Apulée (IIe s. ap. JC). Il en existe quelques autres écrits plus tardivement et moins connus.

19. Dans l'Antiquité romaine, on n'a presque pas écrit de poésie.

FAUX. La poésie latine est abondante en quantité et en variété, et remarquable en qualité !

La religion

20. Les dieux des Romains sont les mêmes que ceux des Grecs.

FAUX. A l'origine, ce sont des dieux différents, mais les Romains n'ayant pas de récits mythiques concernant leurs dieux, ils se sont appropriés ceux de la mythologie grecque en remplaçant les noms des dieux grecs par ceux de leurs dieux de même fonction (ex : Jupiter, dieu principal chez les Romains / Zeus, dieu principal chez les Grecs) ou de fonction approchante (ex : Neptune, dieu des rivières chez les Romains / Poséidon, dieu de la mer chez les Grecs).

21. Les noms des dieux romains viennent des noms des planètes (Jupiter, Mars, Vénus, etc.)

FAUX. D'abord, c'est l'inverse. Ce sont les noms des planètes qui viennent des noms des dieux.

D'autre part, les premiers à avoir donné des noms de dieux aux planètes sont les Babyloniens : par exemple, ils ont appelé une planète Ishtar, du nom de leur déesse de l'amour. Les Grecs n'ont fait que copier ; ils ont juste remplacé par le nom de leur déesse de l'amour Aphrodite ; les Romains à leur tour l'ont remplacé par le nom de leur déesse de l'amour Vénus. Et de même pour les quatre autres planètes visibles à l’œil nu (Mercure, Mars, Jupiter, Saturne).

22. A Rome, on honorait des dieux égyptiens.

VRAI. Les Romains, très pragmatiques, s'appropriaient les dieux des autres peuples, pensant qu'ils avaient intérêt à s'attirer la faveur de tous les dieux existants ou soupçonnés d'exister (c'est pourquoi l'idée d'un dieu unique les a profondément choqués). Ils honoraient donc aussi les dieux égyptiens et surtout la déesse Isis.

L'histoire

23. Rome a été fondée par deux jumeaux, Romulus et Rémus.

FAUX. Seul Romulus a fondé Rome. Ils avaient consulté les dieux pour savoir qui fonderait la nouvelle ville et la réponse n'ayant pas été claire (l'un n'a vu que six vautours, mais en premier, l'autre en a vu douze, mais en deuxième), ils se sont disputés et Romulus a fini par tuer son frère.

Attention : toute cette histoire est une légende.

24. Romulus et Rémus ont été allaités par une louve quand ils étaient bébés.

VRAI. Abandonnés par leur grand-oncle qui avait usurpé le trône de la ville d'Albe, ils ont été recueillis par une louve.

Attention : toute cette histoire est une légende.

25. Caton l'Ancien, un peu sénile à la fin de sa vie (c'est l'un des rares Romains à avoir vécu jusqu'à 85 ans) terminait tous ses discours au Sénat Romain par la phrase « Delenda est Carthago. » (« Il faut détruire Carthage. »).

FAUX. Même si cet épisode se situe alors que Caton avait déjà dépassé les 80 ans (autour de 150 av. JC, un an avant sa mort!), le grand homme était loin d'être sénile et exprimait une opinion politique qui n'était alors pas partagée, loin s'en faut, par tous les sénateurs romains, et qui nécessitait donc pour lui d'être martelée! Quant à la formulation exacte de la phrase, on ne l'a pas au style direct, mais d'après les spécialistes, il faudrait reconstituer quelque chose comme : « Ita censeo Carthaginem delendam » (selon Jean-Noël Robert, Caton ou le citoyen, Les Belles Lettres, 2002, p.374) ou « Hoc censeo, et delendam Carthaginem » (selon Michel Dubuisson évoqué ci après). Pour plus de précisions, allez voir: http://www.class.ulg.ac.be/ressources/dossiers.html, rubrique « "Delenda est Carthago", disait le vieux Caton... », excellente mise au point (fondée sur les textes) de Michel Dubuisson, un professeur de l'Université de Liège.

La page ayant disparu, vous pouvez télécharger ici un pdf qui en reprend le contenu :

26. En 50 av. JC, toute la Gaule est occupée par les Romains. Toute ? Non. Un petit village gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur.

VRAI. La guerre des Gaules menée par Jules César s'est effectuée entre 58 et 51, mais en 50 av. JC, il existait encore quelques poches de résistance gauloise.

27. Quand on écrit, « av. JC » et « ap. JC », les initiales « JC » signifient « Jules César ».

FAUX. Il s'agit de « Jésus Christ » : le début de notre calendrier actuel (l'année 1, car il n'y a pas d'année 0 !) correspond à ce qu'on pensait être l'année de naissance de Jésus Christ (alors que les historiens actuels pensent qu'il serait plutôt né en 4 av. JC !). Quant à Jules César, il est mort en 44 av. JC.

28. Rome était gouvernée par des empereurs.

VRAI et FAUX. Rome a été gouvernée par des rois de 753 à 509 av. JC (dates légendaires, mais sans doute proches de la vérité), puis par une République de 509 à 27 av. JC. Ce n'est que de 27 av. JC à 476 ap. JC que Rome a été gouvernée par des empereurs.

29. Jules César était empereur de Rome.

FAUX. Jules César a vécu sous la République romaine et est mort dix-sept ans avant l'avènement de l'Empire. Plusieurs raisons font que l'on croit souvent qu'il a été empereur :

- Il a eu des fonctions politiques importantes et des fonctions militaires importantes, parfois en même temps, ce qui fait qu'il s'est parfois trouvé avec un pouvoir énorme entre ses seules mains.

- En tant que militaire, il avait le titre d' « imperator » au sens de « général en chef » (cf. la question 34), mot qui a parfois été mal compris et mal traduit.

- Il a remporté des triomphes exceptionnels, tant en politique intérieure que pour les conquêtes militaires ; cela, joint au fait qu'il a eu aussi des fonctions religieuses très importantes et que c'était un très bon écrivain, lui a donné un prestige incroyable parmi la population romaine (il a été divinisé après sa mort).

- Il avait effectivement préparé un coup d’État pour prendre le pouvoir, mais a été assassiné avant.

- C'est finalement son fils adoptif Octave Auguste qui, seulement dix-sept ans après sa mort, prendra le pouvoir et instaurera l'Empire.

30. En mourant, Jules César a dit à Brutus en le voyant parmi ses assassins « Tu quoque fili » (« Toi aussi, mon fils »).

FAUX. L'émotion de ses derniers moments a fait parler Jules César dans la langue qu'il avait apprise avant le latin, comme de nombreux enfants de bonnes familles romaines au Ier s. av. JC. Il a donc bien dit « Toi aussi, mon fils », mais en grec : « Καὶ σὺ τέκνον [Kaï su, teknon] »

31. « Toi aussi, mon fils » sous-entend « Toi aussi, mon fils, tu es parmi mes assassins ».

FAUX. César a probablement plutôt adressé une malédiction à Brutus en prononçant ces mots, sous-entendant plutôt : « Toi aussi, mon fils, tu te retrouveras dans la même situation que moi » (c'est-à-dire trahi et assassiné, ou encore assoiffé de pouvoir absolu, ou les deux!). Pour plus de précisions, allez voir: http://www.class.ulg.ac.be/ressources/dossiers.html, rubrique « Toi aussi, mon fils », excellente mise au point (fondée sur les textes) de Michel Dubuisson, un professeur de l'Université de Liège. Cf. le pdf ci-dessus à la question 25.

32. Brutus, le principal assassin de Jules César, était son fils adoptif.

FAUX. Marcus Junius Brutus était le principal assassin de Jules César ; celui-ci le chérissait comme un fils, au point d'avoir dit « Toi aussi, mon fils » en le voyant parmi ses assassins. Le terme grec employé (voir la question 31) pourrait d'ailleurs plutôt se traduire par « mon petit », « mon enfant », terme affectueux sans expression d'une réelle filiation.

Mais il ne l'avait pas adopté (Brutus n'était pas non plus son fils naturel, bien qu'il soit le fils de Servilia, maîtresse de César ; ce dernier n'avait que quinze ans à la naissance de Brutus et sa liaison avec Servilia eut lieu des années plus tard).

En revanche, il avait désigné dans son testament, à la suite du célèbre Octave, un deuxième fils adoptif, membre de la même famille que Marcus Junius Brutus : il s'agit de Decimus Junius Brutus, qui faisait aussi partie de ses assassins (ce qui a provoqué l'indignation du peuple à la lecture du testament), mais qui n'avait pas la carrure du premier Brutus.

(cf. Appien d'Alexandrie, Histoire romaine, « Les guerres civiles » II 43 ; Quant à Suétone (Vie des douze Césars, « César » 63), il dit que César avait désigné Decimus Junius Brutus comme héritier (et non comme fils adoptif))

33. Auguste a renversé la République et fondé l'Empire

FAUX. Celui qui s'appelait d'abord Octave (puis Octavien quand il a été adopté par Jules César) et qui a ensuite été nommé Auguste n'a rien renversé du tout. Il a soigneusement gardé toutes les institutions de la République romaine. Simplement il a fait en sorte de contrôler toutes ces institutions. Il est considéré comme le fondateur du régime impérial, mais il l'a mis en place tellement progressivement que les historiens peinent à fixer une date précise de la fin de la République et du début de l'Empire

34. En latin, un « imperator » est un empereur.

FAUX en grande partie.

Le titre « imperator » signifie « général en chef » et a été porté par de nombreux généraux sous la République, bien avant l'avènement de l'Empire.

Les empereurs portaient le titre d'« imperator », certes, mais cela ne les désignait pas en tant que tels, du moins les premiers empereurs (la langue a ensuite évolué). On les désignait par les noms de « prince » (latin « princeps » = « le premier des citoyens ») ou de « césar » (latin « Caesar », idée instaurée par Auguste d'un héritage spirituel de Jules César)

La vie quotidienne

35. Les Romains se saluaient en disant « Ave ».

FAUX en grande partie. « Salve » était plus courant. « Ave » était bien un salut romain, mais c'était le salut militaire réglementaire, et non un « bonjour » quotidien.

PARFOIS VRAI cependant. Des mosaïques accueillent les visiteurs d'un bâtiment par les mots « AVE » ou sa variante « HAVE ». Voir aussi la question 37 sur le perroquet de Martial.

36. Les soldats romains saluaient leur chef en disant « Ave ».

VRAI. « Ave » était le salut militaire réglementaire.

37. Les perroquets romains étaient dressés à dire « Ave César »

VRAI. Martial le raconte dans une épigramme : « Psittacus / A vobis aliorum nomina discam : Hoc didici per me dicere CAESAR HAVE. » (XIV, 73) « Perroquet / J'apprendrai de vous d'autres mots : / J'ai déjà appris tout seul à dire ceci : AVE CESAR ». Il ne s'agit pas ici de Jules César, mais de l'empereur (Martial écrit au IIe s. ap. JC, cf. la question 34 pour le titre de césar). Par rapport aux deux questions précédentes, je ne sais pas s'il faut comprendre que le perroquet reproduisait un salut militaire destiné à l'empereur ou si tout un chacun le saluait habituellement ainsi.

38. Les soldats romains étaient des légionnaires.

VRAI. L'armée romaine était divisée en légions (unités de plusieurs milliers de soldats).

39. La monnaie des Romains était le sesterce.

VRAI. « sestertium » signifie « le demi troisième », c'est-à-dire la moitié du troisième as, un sesterce valant deux as et demi ! Les Romains n'ont jamais été très simples en calcul !

40. Les Romains mangeaient tellement qu'ils se forçaient à vomir pour faire de la place.

VRAI. Mais cela n'a concerné qu'une partie très limitée de la population (les richissimes Romains) et à une époque très limitée (les premiers siècles ap. JC). Sinon, les Romains mangeaient au contraire très sobrement (essentiellement des légumes et des céréales, avec du fromage et du miel).

41. Certains bâtiments romains étaient chauffés par le sol.

VRAI. Dans les thermes notamment, il y avait un espace sous le sol, maintenus par de petits piliers de briques entre lesquels circulait la chaleur diffusée par un foyer situé à proximité. On appelait ce système « hypocauste ».

42. Le nom du « Champ de Mars » à Paris vient d'un quartier de Rome.

VRAI. A Rome, le « Champ de Mars » était un vaste espace à l'extérieur des murs de la ville où avaient lieu les entraînements militaires, d'où sa dédicace à Mars, dieu de la guerre. L'expression a été ensuite reprise dans d'autres villes pour désigner un lieu d'entraînement militaire. C'est le cas à Paris.

43. Le nom des « Champs Élysées » à Paris vient d'un quartier de Rome.

FAUX. Mais ce nom a bien un rapport avec l'Antiquité. Les Champs Elysées désignait le lieu des Enfers (le monde des morts), où séjournaient les Bienheureux qui avaient mérité le bonheur éternel. Le quartier de Paris ainsi nommé était d'abord au XVIIe siècle un jardin (estimé paradisiaque) dans le prolongement du château des Tuileries, puis, après la Révolution, l'avenue qui a remplacé et prolongé ce jardin.

44. Le premier amphithéâtre en pierre de Rome a été appelé « Colisée » (« Colosseum » en latin) parce qu'il était d'une taille colossale.

FAUX. Le premier amphithéâtre en pierre de Rome (Ier s. ap. JC) a été appelé « amphithéâtre Flavien ».

Ce n'est que plusieurs siècles après que le peuple romain s'est mis à l'appeler « colosseum » non par rapport à lui, mais par sa proximité avec une statue, elle, colossale, de l'empereur Néron, statue qu'ils appelaient « colosseum ».

45. Le premier théâtre en pierre de Rome a été appelé « théâtre de Pompée » parce que c'est Pompée, le célèbre adversaire de César, qui l'a fait bâtir.

VRAI. (Ier s. av. JC)

46. Dans le grand cirque de Rome (« Circus Maximus »), on pouvait voir des spectacles de clowns, jongleurs et acrobates.

FAUX. Le mot « cirque » n'a pas la même signification selon que l'on parle de notre civilisation ou de celle des Romains. Chez eux, le cirque était plutôt un hippodrome, réservé aux courses de chars.

47. Dans le grand cirque de Rome (« Circus Maximus »), on pouvait voir des combats de gladiateurs et de fauves.

FAUX. C'est dans l'amphithéâtre qu'avaient lieu ces spectacles. L'ambiguïté vient de ce que ces spectacles sont appelés « Jeux du cirque » (« Circenses »), mais ils ne s'y déroulent pas.

48. Les gladiateurs qui entraient dans l'amphithéâtre saluaient l'empereur en prononçant les mots « Ave Caesar, morituri te salutant » (« Ave César, ceux qui vont mourir te saluent »)

FAUX. Cette phrase est attestée une seule fois, à propos d'une anecdote mettant en scène l'empereur Claude, face non pas à d'authentiques gladiateurs (qui étaient rarement destinés à mourir, en fait), mais à des soldats condamnés à mort pour désobéissance (« Ave » est le salut militaire réglementaire ; cf. la question 36 ; il semble cependant que d'autres personnes que les militaires pouvaient s'adresser ainsi à l'empereur : cf. la question 37). Si cette phrase est devenue célèbre, c'est sans doute justement grâce à cette anecdote racontée par Suétone, car Claude, toujours un peu à côté de la plaque, marmonna « aut non » (« ou pas »), ce qui déclencha une sorte de grève des condamnés, refusant de combattre puisqu'ils pensaient pouvoir espérer une grâce de l'empereur au cas où ils survivraient au combat.

Pour plus de précisions, allez voir: http://www.class.ulg.ac.be/ressources/dossiers.html, rubrique « Ave Caesar, morituri te salutant », excellente mise au point (fondée sur les textes) de Michel Dubuisson, un professeur de l'Université de Liège. Cf. le pdf ci-dessus à la question 25

49. L'empereur ou la personne présidant les Jeux de l'amphithéâtre pouvaient décider de la mort ou de la grâce d'un gladiateur en levant ou en baissant le pouce.

FAUX. Cette histoire de pouce n'apparaît dans aucun texte ni sur aucune représentation antiques. Il semble que l'erreur soit partie d'un texte de Juvénal (là encore, d'ailleurs, une occurrence unique (si ce n'est des textes... qui s'appuient sur celui-ci!)) mal interprété, dans lequel « pollice verso » ne signifie pas « pouce vers le bas », mais plutôt l'index pointé vers le gladiateur, ce qui semble en effet bien plus logique.

Pour plus de précisions, allez voir: http://www.class.ulg.ac.be/ressources/dossiers.html, rubrique « Pouce! », excellente mise au point (fondée sur les textes) de Michel Dubuisson, un professeur de l'Université de Liège. Cf. le pdf ci-dessus à la question 25

50. Dans les basiliques, les Romains honoraient leurs dieux.

FAUX. Le mot « basilique » vient du grec « βασιλεύς[basileus] » ( = « roi »).

Chez les Grecs, la basilique est un palais royal.

Chez les Romains, c'est une sorte de forum couvert, comportant une grande travée centrale flanquée de petites niches sur deux étages : on y trouvait des commerces (c'est l'ancêtre de la galerie marchande!), des salles de tribunal, et des bourses. Le vacarme devait y être assourdissant, entre les cris des marchands vantant leur marchandise et ceux des avocats braillant leur plaidoirie, le tout amplifié par la résonance du plafond élevé!

Quand le Christianisme devint légal et que les premiers Chrétiens purent sortir des catacombes, c'est dans d'anciennes basiliques qu'ils célébrèrent leurs messes, d'où le sens actuel, qui n'a rien à voir avec le sens des Romains et encore moins avec celui des Grecs : le point commun entre les trois est une similitude architecturale, mais les fonctions furent radicalement différentes.

51. Les Avions existaient au temps des Romains.

VRAI. Les avions, certes, n'existaient pas, mais les Avions, oui ! C'était un peuple de Germains évoqué par Tacite (Germanicus, 40)

52. Les Romaines portaient des bikinis.

VRAI. On en voit plusieurs exemples sur les magnifiques mosaïques de la villa du Casale en Sicile. Voir par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_romaine_du_Casale

53. Le dentifrice existait déjà chez les Romains.

VRAI. On le voit par exemple dans une épigramme de Martial dans laquelle un dentifrice prend la parole pour se moquer d'une vieille femme qui veut l'utiliser alors qu'elle a un dentier : « Dentifricium. / Quid mecum est tibi? me puella sumat : / Emptos non soleo polire dentes. » (LIX, 56) « Dentifrice. / Qu'ai-je à voir avec toi ? C'est une jeune fille qui doit m'utiliser : / Je n'ai pas l'habitude de polir des dents achetées. » On trouve des recettes de pâtes dentifrices dans le chapitre XIII de l'ouvrage du compilateur du IVe siècle Marcellus Empiricus, visibles ici : https://archive.org/details/demedicamentisli00marcuoft/page/126, y compris une recette utilisée, dit-il, par Octavie, sœur du premier empereur Auguste.



 

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