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Le petit cahier d'écriture - français collège

Dernière mise à jour : 13 nov. 2023

Nadia Pla Page créée le 29 juillet 2020 Dernière mise à jour le 25 juillet 2023


Je vous explique sur cette page un principe pédagogique que j'applique depuis quelques années en cours de français et que je trouve tellement fructueux que cela vaut le coup d'expliquer un peu comment cela marche, si cela peut donner des idées à certains.

En plus du grand cahier ou classeur qui sert pour les leçons, les textes et les exercices, les élèves ont tous un "petit cahier d'écriture".

Quelques règles :


CAHIER

- C'est un cahier petit format, type cahier de brouillon. Il peut être mince ou épais (c'est quand même mieux d'avoir au moins les habituelles 96 pages), un peu plus grand ou plus petit que la taille standard, à spirales ou sans spirales, à petits carreaux ou grands carreaux ou à lignes ou même sans lignes ni carreaux, couvert ou pas couvert, décoré personnellement ou pas. L'idée est que les élèves aient du plaisir à l'utiliser.


NOM

- Le nom de l'élève doit figurer sur la couverture. Comme je les ramasse tous très fréquemment, cela me ralentit d'avoir à ouvrir systématiquement la première page pour voir le nom. Le nom peut être écrit directement, collé sur une étiquette, etc.


OUTIL D’ÉCRITURE

- L'élève peut écrire avec ce qu'il veut sur le petit cahier : crayon, stylo, feutre fin, n'importe quelle couleur ; à condition que cela soit lisible (pas de crayon trop pâle, ni de stylo de couleur pastel ni de feutre trop épais). Là aussi idée du plaisir.


EFFACER, RATURER

- En revanche, il est totalement interdit d'utiliser gomme, effaceur, ou tout type de "blanc". Quand on veut supprimer un mot, une lettre, une phrase, on barre d'un trait, de sorte que l'erreur reste visible. Les erreurs visibles ont plusieurs intérêts : on se souvient d'une erreur déjà faite et on évite de la refaire ; on constate après coup que cette "erreur" était finalement une bonne chose à garder et on peut la retrouver aisément ; on mesure sa progression, ses améliorations ; le professeur voit aussi tout cela quand il ramasse le cahier et cerne mieux le cheminement de l'élève.


EN CAS D'OUBLI

- Si on n'a pas son petit cahier, je donne un "petit papier" (un quart de feuille A4, tenu horizontalement). Je garde le petit papier jusqu'à ce que l'élève me redonne son petit cahier, alors je le colle moi-même (sur une page de petit cahier format standard, on peut coller deux "petits papiers" quart de A4 placés horizontalement). Ainsi, les élèves ont vraiment TOUTES leurs mini-rédactions de l'année sur le même support.

- Cependant, cela arrive rarement, car je conserve en principe les petits cahiers dans ma salle de classe.


UTILISATION DE L'ESPACE

- On ne change pas de page à chaque nouveau texte, sinon un cahier unique ne suffira pas pour l'année. On saute deux ou trois lignes ou on trace une ligne horizontale, simplement.


LES MINI-RÉDACTIONS

- Le petit cahier sert à écrire des "mini-rédactions". Ces mini-rédactions peuvent être de différentes sortes. Elles ont comme point commun d'être "mini" (en moyenne les élèves écrivent environ une demi-page de petit cahier ; selon le sujet, le temps accordé, l'inspiration de l'élève, cela peut aller de deux lignes à deux pages).


- Les mini-rédactions peuvent être :

> un exercice appliquant un point de langue sous forme d'écriture libre (exemple : écrire un texte en utilisant un certain type de mots, de groupes de mots, de formes conjuguées, de mots terminant par le même son avec une orthographe différente ; utiliser des mots nouveaux appris dans une leçon ou découverts dans un texte ; etc.)


> une activité pour lancer une leçon de langue (ex : décrire une image, ce qui amènera à travailler sur les noms et leurs compléments ; raconter une scène d'après une image, ce qui amènera à travailler sur des verbes ; compléter un texte d'une certaine manière ; etc.)


> une activité pour lancer une activité de lecture (là aussi à partir d'une image, ou de mots)


> une activité pour contrôler la compréhension d'un texte (écrire la suite, ou le point de vue d'un autre personnage ; etc.)


> une étape pour une rédaction de plus grande ampleur : soit une première version, que l'on étoffera ensuite ; soit plusieurs étapes successives, que l'on reliera ensuite en les améliorant


> etc. ; il y a plein d'autres possibilités. A chaque séance, je me demande ce que je pourrais faire écrire aux élèves dans le cahier d'écriture, et je trouve toujours une ou plusieurs idées ; je ne les applique pas toujours faute de temps.


LES CONSIGNES

- On ne perd pas de temps à écrire une consigne longue. J'écris au tableau en rouge ce qu'ils doivent recopier : la date, ainsi qu'un mot ou deux rappelant la consigne. Si la consigne nécessite plus d'explications, je l'écris en noir, et ils ne doivent pas la recopier.


- La consigne doit être simple. Les consignes complexes sont à réserver à des rédactions plus abouties qui s'appuient sur une ou plusieurs mini-rédactions déjà effectuées.


- La consigne s'appuie sur une base fournie solide (des mots ou des phrases à réemployer, un texte à imiter ou à poursuivre, un canevas à suivre, une image à décrire, commenter ou interpréter, etc.). L'idée est qu'un élève ne puisse pas se reposer sur un "Je n'ai pas d'idées" ou "Je ne sais pas quoi dire."


FRÉQUENCE

- L'idéal serait de faire une mini-rédaction à la fin de chaque séance. Cela est rarement possible à tenir, mais j'essaie de faire en sorte qu'il y en ait une toutes les deux ou trois séances, soit une ou deux par semaine environ. Le rituel s'installe peu à peu. Les élèves s'y habituent vite.


DURÉE

- Le temps idéal pour une mini-rédaction est de 10 mn. Ce peut être plus dans certains cas (ex : la première séance de l'année, pour ne pas effaroucher les élèves d'emblée ; ou une séquence entièrement consacrée à l'écriture, comme celle que je fais en classe de 5e sur l'écriture d'un roman de chevalerie : https://nadiapla4.wixsite.com/chemins-antiques/post/%C3%A9crire-un-roman-de-chevalerie-5e-fran%C3%A7ais) ou moins (il m'arrive de n'accorder que 2 ou 3 minutes en fin de séance : la moitié des élèves n'aura rien pu écrire, d'autres auront juste amorcé une phrase, et seuls quelques uns auront vraiment écrit un petit texte, mais cela me suffit si je veux exploiter ces textes pour le cours suivant, et ce n'est pas grave pour ceux qui n'ont pas écrit, puisque ce n'est pas noté - j'y reviendrai)


MOMENT

- Le moment idéal est en fin d'heure. Il est très difficile d'arrêter certains élèves en train d'écrire pour passer à une autre activité, alors que quand ça sonne, ça sonne, et il faut s'en aller ! D'autre part, cela fournit un retour au calme et à la concentration à un moment de la séance où la concentration commence à s'effilocher.


ACCOMPAGNEMENT SONORE

- En général, je mets une musique douce (genre "musique de relaxation", on en trouve facilement sur internet) pendant les temps d'écriture.


ÉVALUATION

- Les mini-rédactions du petit cahier ne sont JAMAIS notées. Je mets un "+" si c'est bien (parfois "++" quand cela va au-delà de mes attentes), un "Vu" si l'élève a fait ce qu'il y avait à faire, mais sans trop d'effort, ou un "-" s'il n'y a rien. Je module tout cela : par exemple, si les élèves ont eu une demi-heure et qu'une seule ligne a été écrite, cela vaut "-". En revanche, si je n'ai laissé que 2 minutes, je ne mets de "-" à personne. Je module aussi en fonction de ce que je connais des élèves au fur et à mesure de l'année : un texte quelconque et mal écrit peut valoir un "+" si je sais que l'élève a fait un effort particulier pour le produire. Un élève qui a oublié de me donner son cahier a forcément "-", mais si je vois la fois suivante où je prends son cahier qu'il avait bien fait le travail, je transforme le "-" en "+" ou "Vu". En général, je suis généreuse et je mets une grosse majorité de "+" sur les petits cahiers. Le but est de valoriser le moindre effort.


NOTE GÉNÉRALE

- Tous les "+", "Vu, "-" du petit cahier et d'autres occasions (j'en mets pour des mini-interrogations de leçons, pour certaines participations positives en classe, pour des exercices à la maison faits ou non faits, etc.) sont reportés sur un tableau à double entrée qui est dans mes affaires. J'y note aussi les élèves dont j'ai retapé le texte (j'expliquerai cela plus loin). A la fin de chaque trimestre, je fais une note à partir des "+" "Vu" "-" (pas de calcul mathématique compliqué ; je fais un peu à la louche, en comparant les résultats des élèves entre eux)


TEXTES RETAPÉS - LEUR EXPLOITATION

- J'essaie, à chaque mini-rédaction de retaper trois ou quatre textes d'élèves pour les lire ensemble en classe, mettre en valeur les élèves dont j'ai retapé les textes, relever de bonnes idées ou de bonnes méthodes dont les autres peuvent s'inspirer, éventuellement souligner une ou deux maladresses que l'on aurait pu améliorer ; parfois, ces textes retapés donnent lieu à une activité complète, par exemple un travail sur la langue ou sur le style.


CORRECTION

- Je ne corrige pas les textes du petit cahier. Il m'arrive d'écrire quelques mots pour suggérer une amélioration évidente ou signaler un hors sujet, mais pas plus. Pas de correction orthographique ou autre correction de langue. Le but est - pour moi - de ne pas perdre de temps à écrire des corrections, sinon il ne serait plus possible de faire écrire aussi souvent dans le petit cahier d'écriture, et - pour les élèves - de ne pas voir leur cahier surchargé de remarques en rouge, donc de prendre confiance en eux, et d'avoir un objet qui reste le leur.


TEMPS PASSÉ PAR LE PROFESSEUR

- Le temps passé à la "correction" des petits cahiers (je mets "correction" entre guillemets puisque vous comprenez à ce qui précède qu'il s'agit plus de lecture, de vérification). C'est là qu'est la clé de tout. Pour pouvoir mettre en place cette activité vraiment régulièrement, il ne faut pas que cela soit chronophage pour le professeur. Déjà, pas question de me trimballer à la maison ou dans la salle des professeurs avec trente petits cahiers. Le plus souvent, je fais cela dans la salle de classe, si possible (si je n'ai pas cours après) juste après le départ des élèves. En étant efficace, une pile d'une trentaine de petits cahiers peut être "corrigée" en un quart d'heure. Je lis très rapidement le texte (parfois en diagonale) et je vois tout de suite si le texte mérite "+", "Vu" ou "-". Donc, pour beaucoup, c'est fait en quelques secondes. J'ajoute parfois quelques mots comme expliqué plus haut, mais c'est vraiment un minimum qui ne prend pas plus d'une minute.


TEXTES RETAPÉS - LEUR CHOIX

- Les textes retapés. Pendant cette "correction" rapide, je réfléchis aux textes qui pourraient être intéressants à retaper, soit parce qu'ils sortent du lot, soit au contraire parce qu'ils sont représentatifs, soit parce qu'ils sont de qualité, soit parce qu'ils contiennent une erreur intéressante (mais aussi des points positifs). Je les pose simplement à part, cahier ouvert. Quand j'ai tout fini, je regarde rapidement la feuille où je note les élèves dont j'ai déjà retapé les textes. Par exemple : le texte de E . . . est remarquable, mais j'ai déjà retapé beaucoup de ses textes, alors tant pis pour cette fois ; celui de S . . . est un peu maladroit, mais il est convenable et c'est la première fois qu'il écrit un texte de plusieurs phrases, allez, il va être fier. L'idée est qu'à la fin de l'année scolaire TOUS les élèves de la classe aient eu un texte retapé au moins une fois, si possible deux, et qu'il n'y ait pas trop d'écart (ex : si un élève en est à six textes recopiés tandis qu'aucun autre n'a dépassé quatre, j'attendrai que d'autres en aient eu cinq pour en recopier un septième de lui). Je prends rapidement des photos avec mon téléphone des textes que je veux retaper et dès que j'ai un moment sur un ordinateur, je le fais : cela ne prend guère plus de dix minutes. Si je n'ai pas le temps dans la journée, je le fais le soir en rentrant chez moi, et j'arrive un peu tôt le lendemain matin au collège pour faire l'impression et les photocopies.


Les avantages du petit cahier d'écriture - pour l'enseignant :


PAS CHRONOPHAGE

- Bien géré, avec les règles indiquées ci-dessus, ce n'est pas chronophage.


UNE BONNE VISION DES COMPÉTENCES DE L’ÉLÈVE

- En revanche, cela permet d'avoir vraiment une vision fine du niveau de l'élève, de ses compétences en rédaction, en orthographe, en syntaxe, de sa capacité à concevoir des idées cohérentes, de son style (concis, verbieux, romantique, humoristique...), et surtout de sa progression dans l'année.


EN PHASE AVEC LE PROGRAMME

- Cela permet de répondre de manière agréable et efficace à plusieurs injonctions du programme : la quantité de textes écrits par les élèves, les étapes dans l'écriture, les exercices d'application, et ponctuellement d'autres comme la lecture de l'image, des points de langue, etc.


Les avantages du petit cahier d'écriture - pour l'élève :


UN OBJET APPRÉCIÉ

- Un objet qui lui est propre, auquel il s'attache, qu'il peut personnaliser, qu'il a plaisir à reprendre.


UN LIEU UNIQUE

- Un lieu unique pour toutes ses productions. Parfois une mini-rédaction va donner l'inspiration pour une autre. Ou bien on aura besoin de plusieurs mini-rédactions pour une rédaction finale. L'intérêt est aussi de constater à la fin de l'année tout le travail accompli et la progression (en général, pour un élève qui travaille sérieusement, le petit cahier standard de 96 pages est presque entièrement rempli à la fin de l'année). Certains me disent qu'ils ont l'intention de garder leur petit cahier d'écriture comme un objet personnel précieux.


L'HABITUDE D'ÉCRIRE

- L'habitude d'écrire. Les élèves ne passent plus dix minutes à regarder leur page blanche en déclarant d'un air fataliste qu'"ils n'ont pas d'idées" ou qu'"ils ne savent pas écrire". Ils se lancent d'emblée dans l'écriture. Pour certains, il faut plusieurs mois pour arriver à surmonter ce blocage, mais en général, à la fin de l'année scolaire, c'est bon pour tous !


UNE AMÉLIORATION

- Une amélioration indéniable. Plusieurs élèves améliorent leur style, écrivent des phrases plus correctement construites, voire s'améliorent en orthographe, sans qu'un travail spécifique ne soit fait sur ces points, si ce n'est la pratique de l'écriture.


LE PLAISIR D’ÉCRIRE

- Et enfin, le point le plus positif d'après moi : le plaisir d'écrire. Bien sûr certains élèves aimaient déjà écrire (et se délectent dès le début de l'année dans ces activités), certains détestaient et détestent tout autant à la fin de l'année, mais chez certains un déclic se produit : tel élève a découvert qu'il écrivait des textes drôles qui font rire ses camarades et le professeur, et cultive désormais ce style, telle élève écrit des mini-rédactions de plus en plus longues, telle autre s'est mise - m'a confié sa mère - à écrire son journal intime, etc.


 

N'hésitez pas à m'écrire pour toute question ou suggestion
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